Voilà exactement trois semaines que je combats sans succès une grippe terrassante ayant dégénéré en extinction de voix. Coupé du monde des échanges verbaux, in vitro comme in vivo, et affaibli, je m'abrutis de films et de séries, mon grand écran m'immergeant dans un monde feutré, voire soporifique, qui me fait oublier la toux qui m'épuise. Peter a la bonne idée de me conseiller la série turque Hot Skull où les citoyens encore sains doivent se protéger des babilleurs en portant un casque audio isolant. Ce n'est pas tout à fait mon histoire puisque je ne risque rien à écouter, mais sans pouvoir répliquer ! Dans cette science-fiction dystopique, l'idée d'un virus sémantique est absolument géniale. De nombreux indices suggèrent le régime brutal et dictatorial d'Erdogan ou une éventuelle utilisation des alertes sanitaires pour étouffer les mouvements contestataires. Hélas les derniers épisodes sombrent dans un romantisme révolutionnaire rabâché et le rythme se met à bégayer pour tirer en longueur vers une saison 2. À suivre néanmoins, mais je crains que la résolution ne soit pas au niveau de l'énigme.


Une autre série m'a particulièrement plu. Sollicité par Amandine qui travaille sur le sujet, j'ai regardé pas mal de films et séries d'espionnage. Les deux saisons de Slow Horses sont très réussies. La section du MI5 où sont cantonnés les espions ratés est dirigée par un Gary Oldman au mieux de sa forme. Ce ramassis de bras cassés est évidemment plutôt efficace et il est toujours agréable d'échapper aux clichés à la James Bond...


Wednesday, la nouvelle série dirigée par Tim Burton glisse hélas vers un truc débile à la Harry Potter. Treason (En traître) est encore une histoire d'espionnage un peu bêbête. Je me suis ennuyé à la seconde saison de The White Lotus, comme si je l'avais déjà regardée. En novembre j'avais évoqué quelques séries policières du monde entier. J'ai terminé The Crown et suis resté frustré par The Bear.
Du côté cinématographique, j'ai particulièrement apprécié Pacifiction : Tourment sur les Îles d'Albert Serra où Benoît Magimel est très bien dans le rôle du haut-commissaire de la République en Polynésie française. Ce film est foncièrement politique, surtout pour son analyse des faux-semblants, des petits arrangements, des coups fourrés. Serra s'intéresse au climat de monde du non-dit plutôt que donner la moindre leçon. Fascinant.
J'ai terminé mon festival Jean-Gabriel Périot avec le remarquable documentaire Retour à Reims (fragments) qui suit l'idée de Didier Éribon sur la dérive des couches populaires vers l'extrême-droite. Magnifique montage d'archives.
J'ai trouvé White Noise de Noah Baumbach aussi creux que les angoisses métaphysiques de ses personnages (so american !), je me suis ennuyé à The Banshees of Inisherin de Martin McDonagh qui tourne en rond et en grimaces d'acteurs, Glass Onion archi nul, été surpris de ne pas l'avoir été avec Les Passagers de la nuit de Mikhaël Hers, tendre et pudique, mais je crois me souvenir que j'avais écrit un autre billet sur des films récents... Je m'arrête là, la fatigue revient, mais j'espère bien retrouver mon énergie dans les jours qui viennent ! Ah si, j'ai bien ri au moyen métrage Le pupille d'Alice Rohrwacher qui avait réalisé l'étonnant Lazzaro Felice...