Je me suis endormi sur la terrasse au lieu de bloguer. Heureusement que Fidel s'est trompé il y a quelques années en posant les lattes du mauvais côté. Elle ressemble à une patinoire quand il pleut, mais au moins elle est lisse pour s'y allonger. La lecture pourtant ô combien passionnante de L'hypothèse communiste m'a plongé dans une léthargie post-Viet-Siam (excellent restaurant de Belleville dont le propriétaire est le même que Lao-Siam, merci Sacha) justifiant que je glisse doucement de ma chaise longue vers la natte et m'endorme les doigts de pieds en éventail. En me réveillant, oh pas très longtemps plus tard, j'ai attrapé mon appareil sans me relever et me suis replongé dans le dernier livre d'Alain Badiou.
De quoi Sarkozy est-il le nom ? était le quatrième volume des Circonstances et je note avec amusement que mon article d'alors portait déjà le titre du nouvel opus, soit L'hypothèse communiste. Ce cinquième volume évoque successivement les faillites de Mai 68, de la Révolution culturelle chinoise et de la Commune pour resituer ce qu'est l'Idée communiste. À mon petit niveau, je comprends enfin, par exemple, le terrible épisode des Gardes Rouges, très jeunes gens armés d'un pouvoir énorme dont ils abusèrent tant qu'ils durent être détruits par ceux-là même qui les avaient engendrés. La bureaucratie, les querelles de factions ne peuvent avoir raison de notre enthousiasme, une nécessité. Si pouvoir il y a, le devoir est le réel en ce qu'il exprime l'impossible. Badiou semble tirer partie de la fréquentation de Slavoj Žižek lorsqu'il effleure une pensée lacanienne et hégelienne de l'individu, notre part d'animalité en sorte. Il le replace dans une Histoire qui ne peut être que celle de l'État et lui redonne le pouvoir que "la gauche" lui a confisqué au travers de ce qu'il est coutume de nommer "la démocratie".
Passionnante lecture, mais le livre refermé, je retourne me reposer.