Comme il est interdit de prendre des photos lors de la visite guidée du Palais Fronteira, entre autres parce que les descendants plus ou moins directs du premier marquis de Fronteira, D. João de Mascarenhas, y résident partiellement, je fais glisser les azulejos et la verdure dans mes yeux éblouis. La famille actuelle est constituée de quatre personnes, mais à l'époque ils étaient une vingtaine servis par quatre-vingt domestiques. L'endroit, relativement et étonnamment peu fréquenté, est un des musts à visiter lors d'un séjour à Lisbonne. Ailleurs les queues de touristes sont plutôt dissuasives.


Les salles visitables sont passionnantes avec leurs carreaux de faïence représentant des batailles contre les Espagnols. Dehors les thèmes sont plus variés, petits lapins farceurs et singes professant, signes du Zodiaque ou saisons, musiciens, etc. On appréciera l'humour de certaines scènes qu'il faut chercher soigneusement...


Nous avons retrouvé le style baroque joanin (« barroco joanino »), typique du Portugal, par exemple dans l'église Saint-Roch (Igreja de São Roque). L'or y dégouline. Les reliquaires m'ont rappelé l'exposition La mort n'en saura rien que Jean-Hubert Martin avait conçue avec Yves Le Fur en 1999 au Musée de la Porte Dorée, confrontant les reliques d'Europe et d'Océanie. Le titre provenait d'un vers du Guetteur mélancolique d'Apollinaire. Il faisait beau. Nous nous sommes promenés dans les jardins inspirés par ceux dits français.


Le Palais a été maintes fois rénové. Les plafonds en stuc ont été rajoutés. Des tapis persans. Des meubles rapportés de voyage. Le jardin n'échappe pas à ces strates du temps, comme une coupe archéologique d'un temps pas si lointain.


Le premier jour, nous nous étions promenés dans le charmant jardin botanique de l’université de Lisbonne. Le lendemain il pleuvait. Nous avons donc choisi de nous immerger dans l'Oceanorium pour y admirer requins et raies manta, méduses et calamars, loutres et pingouins... Mes préférés, les incroyables dragons de mer (phyllopteryx taeniolatus) qui se confondent aux algues...


Lorsqu'il fit meilleur, nous sommes allés déguster quelques pastéis de nata près de la Tour de Belem (une autre sorte de pâtisserie !), nous grimpâmes au Castelo de São Jorge et nous visitâmes la Fondation Calouste-Gulbenkian. Mais nous arpentions surtout les rues du Bairro Alto et du quartier d'Alfama. J'en rapportai de magnifiques gants en agneau de chez Luvaria Ulisses. Cela me changeait de mon incessante quête de restaurants typiques.