Letter To The World, rien que ça ! C'est qu'il y a de quoi. Lionel Martin & Sangoma Everett enfoncent le clou. Bien profond, avec l'urgence que leur confèrent les circonstances et la sagesse des anciens. Les références de leur nouveau disque sont nombreuses. Cela vient du choix du répertoire évidemment, même si le saxophoniste lyonnais et le batteur américain assument leurs racines bluesy avec la distance de leurs propres sentiments, favorisant de nouveaux rameaux. Leur Who Knows de Jimi Hendrix a en effet quelque chose du Band of Gypsys et Afro Blue de Mongo Santamaria a forcément un parfum coltranien. Il y a cinq ans ils enregistraient déjà Revisiting Afrique, mais sans les voix. Celle de Sangoma Everett, qui fut chanteur de soul avec The 35th Street Gang, ou celle de Sophia Companion sur un poème d'Emily Dickinson qui donne son titre à l'album. Si le passé est assumé, du poème à Polo qui est parti et force Sangoma à parler aux murs à Ni dieu ni maître, hommage de Lionel à Jean-Louis, son beau-père, l'espoir habite le futur avec No Guns ou À la recherche du temps futur qu'il a composés.


L'anarchie, une rage de vivre, souffle à nouveau depuis qu'il a rempilé avec Fanxoa, le chanteur des Béruriers Noirs, et qu'est déjà annoncé un second vinyle de No Suicide Act, un autre duo, punk rock cette fois, mixé par Disque Noir. Violence des paroles contre la violence du monde. Fanxoa n'y va pas de main morte. À La nuit noire répond Manifeste No Suicide. Sur les uns comme sur les autres, Lionel commande des machines, en nuages ou caillasses, contrepoint pluriel de son saxophone, lyrique et généreux.

→ Lionel Martin & Sangoma Everett, Letter To The World, LP Ouch!, 24€ (9€ numérique, 8€ handmade CD), sortie le 5 avril 2024
No Suicide Act, LP Ouch!, 18€ (7€ numérique)