Par quel bout le prendre ? Dénoncer l'incompétence catastrophique et l'inconséquence honteuse de la SNCF ou saluer les cheminots qui font tout leur possible pour contrebalancer l'absurdité du système dont ils sont aussi victimes ? Si la chose était rare, on n'en ferait pas tout un fromage (j'ai rapporté un délicieux Saint Nectaire dans mes bagages), mais je pense aux retards récurrents que subissent les usagers sur certaines lignes, aux contrebassistes régulièrement verbalisés, etc. Apprenant nos mésaventures et se repassant le message, ce sont les contrôleurs zélés qui nous appelèrent, non sans humour, "les perdus de Massiac" !
Nous étions donc une douzaine de voyageurs à penser naïvement rejoindre Paris via Clermont-Ferrand. Du moins nous l'espérions. Nos billets délivrés par la SNCF indiquaient que nous devions prendre l'autocar à Massiac à 15h06, attraper le TER à Arvan pour arriver à Clermont à 16h10 et filer à 16h27. Rien d'extraordinaire. L'application SNCF Connect indiquera seulement que le car aurait 30 minutes de retard, de quoi rater notre train certes, mais il y en avait un autre une heure plus tard. La gare de Massiac était fermée. Évidemment ! Les fusibles qui répondent au téléphone étaient idiots donc désagréables, ou simplement compatissants sans pouvoir nous donner aucune information. L'autocar 62704 (société privée, semble-t-il) arriva une heure en retard sous un prétexte fallacieux. Et il était complet ! Pourtant nous avions nos billets, mais le chauffeur laisse monter tout le monde, comme dans un bus. Et puis plus rien. Personne pour nous informer de ce que nous devons faire. Quand nous ne tombons pas sur des répondeurs qui nous raccrochent au nez, nos coups de téléphone atteignent des anonymes probablement débordés et fatigués par les réclamations. La société d'autocars se dit incapable de joindre ses chauffeurs. La SNCF n'y peut rien. Nous patientons dans un café près de la gare. Trois heures plus tard, coup de chance, un car déboule avec des places réservés au personnel de la SNCF. Nous les squattons fissa.
Les choses s'arrangeront lorsque nous aurons affaire avec de vraies personnes, en chair et en os. Ils sont outrés que la SNCF nous ait laissés sans information. Ils se passent le mot. Nous attrapons le dernier train en partance pour Paris-Bercy. Heureusement je partage ces mésaventures avec une danseuse-metteuse en scène qui voyage avec son fils, et plus tard nous rencontrerons un jeune styliste chaussures chez Dior. Les conversations nous font oublier les manquements de la SNCF. L'État dézingue d'abord chaque secteur qu'elle veut vendre au privé de manière à ce que la population ne râle pas ensuite...


Nous aurons mis huit heures au lieu de cinq, pas de quoi en faire tout un plat. Sauf que la SNCF, qui rembourse les billets lorsque le retard dépasse 30 minutes (voir G30 sur leur site) se défausse en prétendant qu'elle n'est pas responsable des retards des cars. C'est pourtant elle qui propose les trajets et vend les billets sous son enseigne. Voilà une bien mauvaise publicité pour les voyages en train, pour la Région Auvergne et le village-étape de Massiac. Ce n'est pas le retard qui est en cause, il arrive qu'un animal soit sur la voie, que la météo soit mauvaise, etc. C'est l'absence d'information, sur place, sur Internet, au téléphone, qui est honteuse. Dans certains pays lointains, en voie de développement, ce genre de choses est courant. On prend son mal en patience. C'est le protocole que nous avons suivi, mais sept des usagers qui avaient leurs billets ont fini par rentrer chez eux en espérant voyager le lendemain. Je le leur souhaite.