Ces notes sont délivrées dans le plus grand désordre, superficielles. Sans rien développer, juste signaler quelques pistes.
Étienne a raison, le film bollywoodien RRR est vraiment délirant. Sur ma lancée j'ai regardé les deux parties de Baahubali du même S. S. Rajamouli, mais il manque la débauche de moyens et la charge contre l'occupant anglais que j'avais adoré avec Lagaan. Pourtant c'est un peu la même idée sous-jacente de revanche ; de toute manière le genre exige sept chansons chorégraphiées et une happy end ! J'ai déjà beaucoup écrit sur ma fascination pour le cinéma indien. À parler d'Étienne je trouve époustouflantes ses recherches actuelles sur l'IA (intelligence artificielle) ; passé toutes les interrogations que cela provoque, créativité de l'artiste, droits d'auteur, fiabilité de l'information, je me demande quel chef d'œuvre en sortira.
Nathalie a raison, En corps de Cédric Klapisch est bien un feel good movie, c'est charmant ; la danse contemporaine y présente une belle ouverture pour les classiques, même si on préférera de très loin le documentaire sur Les Indes galantes, joué par des gosses des cités. Pas étonnant que Rameau se prête au hip hop ; je me demande si Berlioz, Satie ou Varèse inspireront des metteurs en scène, je les cite parce que ce furent des indépendants en leur temps et j'y sens une filiation, mais je m'égare à mélanger les genres.
Crimes of the Future m'a rappelé Existenz et Deadly Ringers (Faux-semblants), Cronenberg est un des rares cinéastes à me surprendre, comme Lynch ou Godard, scénario et traitement. Flee du Danois Jonas Poher Rasmussen justifie pleinement le mix documentaire et animation, très beau film sur l'immigration politique. J'ai vu tellement de films sans prendre de notes que j'en ai oublié la majorité. On pourra toujours se reporter à mes articles récents sur le cinéma.
J'ai fini par me lancer dans la série Better Call Saul que j'avais laissée de côté, n'étant pas aussi fan de Breaking Bad que beaucoup de mes amis ; si les six saisons sont aussi chouettes que les premiers épisodes, j'ai des biscuits pour l'hiver. J'ai glissé dans le binge watching qui consiste à s'enfiler tous les épisodes à la suite sans pouvoir s'arrêter avec le thriller d'espionnage False Flag (j'ai regardé les deux premières des trois saisons) ; cette série israélienne ébranlera peut-être ceux qui appellent complotisme la remise en question de l'information officielle.
La mini-série Sur ordre de Dieu (Under the Banner of Heaven) est un bon thriller en pays mormon pour ébranler la foi, des fois que vous y croyiez ! Autre mini-série, This is going to hurt montre l'état catastrophique du système hospitalier britannique (en France, la politique de nos gouvernements successifs nous y mène directement) avec un humour noir que j'adore ; c'est drôle et caustique, fortement conseillé. Les séries anglaises sont toujours soignées aux petits oignons. Toujours mini (cela signifie qu'il n'y a qu'une saison, donc les risques chronophages sont relativement limités), Landscrapers est également une des meilleures de l'année, avec Olivia Colman and David Thewlis, réalisation et interprétation remarquables. J'ai suivi avec beaucoup d'amusement Gaslit sur le scandale Watergate (qui avait eut la peau de Richard Nixon) avec Sean Penn méconnaissable et Julia Roberts. Dans le genre heroic fantasy, Sandman, basé sur un roman graphique de Neil Gaiman qui avait écrit MirrorMask, est plus réussi que beaucoup d'autres, peut-être grâce au sous-texte moraliste de sa mythologie. J'attends probablement la quatrième et dernière saison de L'amie prodigieuse pour revenir sur cette excellente adaptation des romans d'Elena Ferrante...
Il faut dire que j'ai changé de vidéo-projecteur et que le nouveau (4K) possède un contraste et une luminosité que n'avait pas le précédent, appréciables dans les scènes obscures. Je reste toujours aussi dubitatif sur l'amélioration technologique que représente le Blu-Ray et ses déclinaisons. Ce n'est pas la technique qui fait la différence, mais la qualité des films. Lorsqu'on est pris, peu importe la fidélité, le grain ou le contraste. Le matériel est vraiment subalterne. Le passage de la VHS au DVD fut au moins significatif, mais ensuite... Tout comme le 5.1 si rarement utilisé intelligemment. Par contre, il y a une vingtaine d'années, le home-cinéma fit un bond extraordinaire dès lors que l'on a la possibilité de projeter sur un véritable écran d'une taille conséquente. Un poste de télé, fut-il très grand, permet de regarder en plein jour, mais cela reste de la télévision. Devoir fermer les volets ou les rideaux tient d'un rituel qui fuit la banalisation du flux. Le cinéma, c'est quand l'écran est plus grand que soi, disait JLG...