70 Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mercredi 17 décembre 2008

Les plages d'Agnès


Aujourd'hui sort Les plages d'Agnès, autoportrait d'Agnès Varda qui feint de se peindre à reculons alors que la "grand-mère de la nouvelle vague" volète parmi ses souvenirs avec toujours autant d'humour, d'intelligence et d'émotion comme elle le fit le long de 33 longs et courts-métrages, après avoir été photographe, avant de se plonger dans le bain de ses installations contemporaines... Mais là ce sont des plages, comme celles d'un disque, ou bien les pages d'un livre qu'on tourne, jeux de mots survolés à tire d'ailes, jeux de plage qu'on partage avec ses enfants et petits enfants, pas seulement la famille, mais aussi celles qu'elles a influencées, ceux qu'elles a croisés. Jacques Demy est évidemment présent partout, mais lors de la projection au Cinéma des Cinéastes je fus particulièrement ému par son évocation de Jean Vilar et de tous les comédiens disparus, comme plus tard Delphine Seyrig... Les deux bandes-annonces résument bien la boule à facettes qui fait tourner sa tête couronnée : à la fois coquète et drôle, elle a laissé pousser ses cheveux teints en conservant une calotte grise sur le dessus de son crâne !


À la fin du film, la cinéaste interrompt le générique pour ajouter quelques plans "volés aux copains". C'est la séquence de ses 80 balais et là, sur l'écran, je me vois au milieu de la fête. À la sortie, Agnès me dit "Tu as vu, on ne voit que toi !". Trop mignonne ! Moi, je m'étais laissé porter par les vagues, par les jeux de miroirs sur la plage du Nord, par la beauté de Sète, par le sable sous les pavés de la rue Daguerre, par les retrouvailles à Venice et Santa Monica, par les embruns de Noirmoutier, avec une irrésistible envie de découvrir les quelques films que je ne connais pas encore...

Le plus grand escroc du siècle ne serait qu'un amateur


Françoise me fait remarquer qu'il est étrange de reprocher à Bernard Madoff d'être le plus grand escroc du siècle sous prétexte que laissant espérer des profits juteux à ses pigeons il était incapable de rembourser tous ses "actionnaires" alors que tout le système bancaire fonctionne sur la même arnaque. Il avait l'habitude de rembourser cash ceux qui l'exigeaient, mais n'avait pas prévu que la crise génèrerait une demande telle qu'elle dévoilerait le pot aux roses. Si demain, nous nous pointions tous à notre succursale bancaire et que nous exigions de retirer tous nos avoirs, la banque serait bien incapable de faire face à la demande. La différence ressemble à l'écart qui divise les sectes et les religions établies : il n'y en a pas ! Ce n'est qu'une question de proportion, celle de l'escroc est bien moindre que celle de son modèle, l'ensemble du système bancaire. Tous pratiquent en réalité un exercice de haute voltige, de monte-en-l'air, qui ressemble bigrement à la Chaîne de Ponzi.
Ici et là j'entends que cela pourrait d'ailleurs consister en un acte révolutionnaire qui ferait s'écrouler le système capitaliste du jour au lendemain : si nous retirions tous nos avoirs en liquide, les banques, ne pouvant faire face, feraient illico banqueroute. La proposition peut sembler alléchante, mais elle favoriserait évidemment les plus rapides devenus les nouveaux maîtres du monde, à moins que le Capital ne se ressaisisse en inventant je ne sais quelle dévaluation. Des émeutes suivraient immanquablement la fermeture des guichets. Qu'adviendrait-il ensuite ? Reprise en mains par la violence ? Mais de quelle nature ? Je ne suis pas assez calé en économie ni en histoire pour y répondre, mais la question mérite d'être posée...
Car il n'est pas question de moraliser un système immoral. Toutes les affaires récentes révèlent brutalement que le système inique s'essouffle et laisse entrevoir les signes de sa chute. Rien de certain encore, mais scénario parfaitement envisageable.

Photogramme de It's A Wonderful Life de Frank Capra.