70 Cinéma & DVD - août 2005 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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dimanche 14 août 2005

Avant-garde : le cinéma expérimental de 1921 à 1939


Kino Video vient de sortir un double DVD (Zone 1) avec plus de 6 heures de grands classiques du cinéma expérimental. La liste des courts métrages est impressionnante.

Anemic Cinema (Marcel Duchamp, 1926); Ballet Mécanique (Fernand Léger, 1924); La coquille et le clergyman (Germaine Dulac / Antonin Artaud, 1926); Le retour à la raison (Man Ray, 1923); Emak Bakia (Man Ray, 1926); L'étoile de mer (Man Ray, 1928); Le mystère du château de dés (Man Ray, 1929); La glace à trois faces (Jean Epstein, 1927); Rhythmus 21 (Hans Richter, 1921); Fantômes du matin (Hans Richter, 1928); H2O (Ralph Steiner, 1928); The Hearts of Age (Orson Welles / William Vance, 1934); Manhattan (Paul Strand / Charles Sheeler, 1921); Ménilmontant (Dimitri Kirsanoff, 1926); Brumes d'automne (Dimitri Kirsanoff, 1928); La pluie (Joris Ivens, 1929); Romance sentimentale (Sergei Eisenstein / Grigori Alexandrov, 1930); Symphonie diagonale (Viking Eggeling, 1924); Attaque (Ernö Metzner, 1928); The Life and Death of 9413, a Hollywood Extra (Slavko Vorkapich / Robert Florey, 1928); Lot in Sodom (James Sibley Watson / Melville Webber, 1933); Autumn Fire (Herman G. Weinberg, 1931); Even - As You and I (Roger Barlow / Harry Hay / LeRoy Robbins, 1937); Le Vampire (Jean Painlevé, 1939); Le Tempestaire (Jean Epstein, 1947).
Nous avons souvent accompagné La glace à trois faces avec Un Drame Musical Instantané, c'est un de mes films préférés avec La chute de la Maison Usher. Un homme tente de se retrouver dans le portrait de trois femmes qu'il a aimées, le vertige l'entraîne dans une course automobile que seul arrêtera le bec d'une hirondelle. Je n'ai par contre jamais vu que des extraits du Tempestaire, tourné à Belle-Île, où Epstein expérimente le ralenti sonore pour jouer des vagues et du vent. Les deux volumes des Écrits de l'inventeur de la lyrosophie sont absolument sublimes (ed.Seghers).
Le film animalier de Painlevé est composé sur une musique de Duke Ellington, celui de Fernand Léger sur une musique de George Antheil. Certains de ces cinéastes viennent de la musique (Kirsanoff, Weinberg), d'autres de la photographie (Steiner, Strand, Sheeler, Man Ray), de la peinture (Duchamp, Richter, Eggeling, Léger), ou bien sont d'origine scientifique (Epstein, Painlevé, Ivens).
Avec l'aide de Man Ray et Marc Allégret, Duchamp (dont j'ai trouvé à New York un CD de l'intégrale de ses œuvres musicales, une curiosité) utilise deux caméras pour tenter de capter le relief de son texte, imprimé en spirale sur des disques mécanisés... Man Ray, deux ans auparavant, cherche un équivalent à ses photogrammes et rayographes. Il crée L'étoile de mer d'après un poème de Robert Desnos, et Le mystère du château de dés d'après la célèbre phrase de Mallarmé dans une villa que le vicomte de Noailles a commandé à Mallet-Stevens... Rythmus 21 est le premier film où Richter anime ses "tableaux-rouleaux", et Fantômes du matin est considéré comme son chef d'œuvre...
Je suis impatient de découvrir nombre de ces films que je n'ai jamais vus.

samedi 13 août 2005

Voir et revoir

Quelques merveilles sorties en DVD et qui auraient pu passer inaperçues.


Pour commencer, des films à voir quel que soit son âge.
Les 5000 doigts du Docteur T (Zone 1, langues et sous-titres anglais et français) que le chorégraphe Philippe Découflé a allègrement pillé pendant des années... Comédie musicale kitchissime aux couleurs éclatantes et complètement hallucinée...
Le coffret des Mickey en noir et blanc (Zone 2, je rappelle que ça veut dire lisible sur tout lecteur acheté en France), pas toujours "politiquement correct" et tellement meilleur que tout ce que fit ensuite Walt Disney ! La Magie Calder (Zone 2) où le sculpteur tient le rôle de Monsieur Loyal dans un cirque miniature de 200 figurines animées.

Dans la série documentaires de création :
Chats perchés de Chris Marker (Zone 2) est un reflet remarquablement intelligent d'une France résistante et pleine d'espoir filmée au début du XXIème siècle. Ce film, à la fois vif et tendre, est accompagné de petits courts-métrages, exquis Bestiare dont l'époustouflant Slon Tango (avez-vous jamais vu un danseur étoile ayant la grâce de cet éléphant ?)...
Les 3 numéros de Retour de Flamme (Zone2), compilations de petits objets rares dont mes préférés sont le coccaïnomane Mystère du poisson-volant (vol.2) et le seul document synchrone existant avec Django Reinhardt, auxquels s'ajoute le double DVD du comique Charley Bowers également édité par Lobster...
Step across the border (toutes zones, anglais avec sous-titres), œuvre à projeter dans toutes les écoles pour effleurer ce qu'est la musique. Le film, héritier d'A propos de Nice, suit le guitariste Fred Frith autour du monde.
Puisqu'il s'agit de musique, et que vous connaissez probablement déjà le Glenn Gould de Monsaingeon, le Straight No Chaser sur Monk, les clips de Gondry, et Les adieux de Brel à l'Olympia : Monterey Pop Festival (coffret Criterion de 3 DVD Zone 1) avec l'intégrale d'Hendrix, d'Otis Redding, et les prestations de Janis Joplin, Ravi Shankar, The Who, etc. filmés par Pennebaker en 1967. Le festival fondateur !

Pour les amateurs d'animation,
ruez-vous sur les court-métrages de Jan Svankmajer (2 DVD Zone 1), Mes voisins les Yamada de Takahata (Zone 2), les Creature Comforts des Studios Aardman (Zone 2 mais anglais hélas sans sous-titres), la quasi intégrale d'Alexeïeff (un docu le montre à l'œuvre avec son écran d'épingles !), et les 2 compilations publiées par le magazine Repérages.

C'est tout pour aujourd'hui, on abordera les films de fiction une prochaine fois.

Le coin de l'obsessionnel

Lecteur indispensable en multizones. Quelques bonnes adresses où acheter ses DVD.

Après avoir acquis des centaines de livres et de disques, après avoir enregistré des centaines d'heures à la radio et à la télévision, j'ai réalisé un fantasme de mes vingt ans. En sortant de l'Idhec, je rêvais de posséder une salle de cinéma. Si le cinématographe doit se projeter sur grand écran et de préférence se partager avec d'autres spectateurs, je n'ai jamais supporté les files d'attente, les grands types qui me cachent le bas de l'écran, les mauvais cadrages, l'absence de point, les bruits de pop-corn... Ainsi j'ai installé chez moi il y a maintenant cinq ans une salle de cinéma, et je me suis mis à acheter des centaines de dvd, d'abord dans les magasins, et très vite sur Internet. Je me connecte régulièrement à dvdpascher.net qui me mène souvent à cdiscount.com où se pratiquent des prix défiant toute concurrence. Pour les raretés, je commande sur amazon.com (ou ses antennes française, anglaise, allemande et japonaise) dont la politique commerciale est exemplaire, et chez criteriondvd.com pour les films francophones inédits (les autres n'ont hélas pas de sous-titres français, mais lorsque je n'y tiens plus, ou trop, je me rabats tout de même vers les sous-titres anglais ! Les Renoir, Buñuel et Godard sont exceptionnels). Dernier problème à régler, la question des zones qui empêchent de lire des dvd étrangers sur son lecteur de salon : tous les dvd européens appartiennent à la même zone que la France, mais les américains sont en Zone 1. Il est donc indispensable d'acquérir un lecteur dvd multizones ou de faire dézoner le sien. On trouve des lecteurs multizones à moins de 50 euros (parcourir le Net, cdiscount par exemple, livré chez vous) ! D'ailleurs, inutile d'acheter des lecteurs chers, leur longévité n'est pas meilleure, ils corrigent peut-être un peu mieux les erreurs, mais la différence ne se justifie pas, tant qu'on peut lire tous les formats (DTS inclus).

mardi 9 août 2005

Michael Powell


Réalisateur anglais méconnu en France, Michael Powell (1905-1990) est l'égal d'un Jean Renoir ou Jacques Becker. Un de ses derniers films, le sublime The Peeping Tom (Le voyeur, distribué en France) fait scandale et sonne le glas de sa carrière, bien qu'il la termine aux Etats-Unis comme directeur de Zoetrope, le studio de Francis Ford Coppola. Chacun de ses films est une petite merveille, chacun est totalement différent, avec toujours une direction d'acteurs exceptionnelle, une lumière à couper le souffle, une invention scénaristique de chaque instant... On peut trouver en Grande-Bretagne (Zone 2) ou aux USA (Zone 1, dans l'unique et magnifique collection Criterion) des DVD de ses films les plus connus, le plus souvent cosignés avec son scénariste, Emeric Pressburger, avec qui il a fondé sa société de production, The Archers, mais hélas sans sous-titres français (et même sans sous-titres du tout pour les éditions anglaises) : Black Narcissus (Le narcisse noir), The Red Shoes (Les chaussons rouges), A Matter of Life and Death (Une question de vie ou de mort), I Know Where I'm Going! (Je sais où je vais), The Life and Death of Colonel Blimp (Le colonel Blimp), The Tales of Hoffmann (Les contes d'Hoffmann), Gone to Earth (La renarde), The Edge of the World (A l'angle du monde), etc. J'ai eu l'idée de ce billet en découvrant hier soir A Canturbury Tale... Ses films principaux doivent sortir en France d'ici la fin de l'année ou en 2006. En attendant, son autobiographie en 2 lourds volumes (Une vie dans le cinéma, suivi de Million Dollar Movie) est un modèle du genre, publiée par Actes Sud.