70 Cinéma & DVD - décembre 2014 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 19 décembre 2014

Atom Egoyan captif de la critique


Après l'avoir encensé, la presse se déchaîne contre le cinéaste canadien Atom Egoyan sans que j'en comprenne les raisons. Reprocherait-on à l'indépendant d'avoir été récupéré par Hollywood ? La critique tant intello que populaire s'extasie pourtant devant les daubes on ne peut plus conventionnelles de Clint Eastwood ou Steven Spielberg. Après une huitaine de films quasi cultes (Next of Kin, Family Viewing, Speaking Parts, The Adjuster, Exotica, The Sweet Hereafter/De beaux lendemains, Felicia's Journey), Ararat avait marqué une charnière plus classique, défaut de presque tous les films revenant sur les origines arméniennes de leurs auteurs, avant qu'Atom Egoyan tourne des œuvres s'ouvrant au grand public. Where the Truth Lies/La Vérité nue, Adoration, Chloé, Devil's Knot ont subi un lynchage médiatique systématique, d'autant que les journalistes ont la fâcheuse tendance à se copier les uns les autres.
Pourtant on retrouve dans chacun les obsessions et fantasmes du réalisateur, des histoires glauques de famille qui ne ressemblent pas à l'homme charmant qui les réalise. Il nous renvoie ainsi à nos propres zones d'ombre que nous espérons maîtriser pour ne jamais céder au passage à l'acte. Le cinéma s'autorise la catastrophe dans ses projections identificatrices tandis que le réel est supposé respecter le cadre, moral et partagé. Les ressorts psychologiques ambigus, les jeux de miroir et les chausse-trapes qu'il cultive gênent forcément les consciences. Le seul élément qui me froisse dans tous ses films est la musique hollywoodienne illustrative qui les banalise alors que son absence ou un traitement sonore distancié renforceraient le style personnel de leur auteur ; mais cela personne ne l'évoque, vu que cette redondance balourde est justement le point commun, voire la signature, de tout le cinéma américain mainstream et de ses clones européens.
Where the Truth Lies/La Vérité nue est un excellent polar sulfureux où l'on retrouve le voyeurisme et la perversion avec une critique féroce du monde de la télévision. Adoration joue encore sur le mensonge. Autre piège, Chloe est un remake de Nathalie d'Anne Fontaine, pour une fois plus réussi que l'original, grâce à quantité de petits détails du scénario de cette œuvre de commande. Alors c'est peut-être là que va se nicher le quiproquo : Egoyan "cède" à la commande, fuite en avant de tous les artistes qui connaissent le prix de l'attente ou de l'absence. Il met encore en scène nombreux opéras sans prendre de pause. Egoyan s'accapare pourtant chaque fois le sujet en cherchant le bon angle, d'où il regarde le monde de faux-semblants qui nous anime, celui du quotidien que les us et coutumes nous imposent et, pire, celui du cinéma par excellence. Devil's Knot, sur le thème de l'enlèvement d'enfants, peut être regardé comme le coup d'essai de son suivant et dernier long métrage, Captives, plus massacré que jamais par la presse qui le compare bêtement à Prisoners de Denis Villeneuve. Mais cette fois aucun pathos ne vient encombrer le film. L'action est plus clinique que jamais, sans les alibis psychologiques qui justifieraient les actes les plus odieux. L'injustice est flagrante. Le film sort en France le 5 janvier 2015.


Contrairement à ce qui a été écrit, Captives n'a rien à voir non plus avec l'affaire Natascha Kampusch. Le thriller joue des strates du temps sans s'alourdir d'effets appuyés pour signifier les flashbacks ou forwards. Ces aller et retours nous perdent certes, mais on n'est pas dans un film français où tout est expliqué dès les premières images. Atom Egoyan nous évite les scènes pénibles dont le cinéma est aujourd'hui friand. S'il les suggère il n'en donne pas le moindre détail, pas la moindre piste que celle sur laquelle chaque spectateur glissera selon son niveau de conscience ou guidé par son inconscient. La machine perverse est parfaitement huilée, s'appuyant sur une technologie que le hacker de base saurait hélas faire fonctionner. Les justifications psychologiques évacuées, cela peut déplaire aux critiques lourdingues voulant trouver explication à tout. Une œuvre est pourtant déterminée par les questions qu'elle suscite. Dans ce paysage froid et enneigé seule la culpabilité a droit de cité, même si ceux qui la portent n'y sont pour rien. N'avez-vous jamais laissé votre enfant seul deux minutes sur la banquette arrière ? Encore une fois, si l'on pouvait regarder Captives sans le sirop symphonique qui le dilue je suis certain que son originalité sauterait au visage. Comme dans d'autres films d'Egoyan les écrans sont des fenêtres vers un ailleurs dont nous sommes incapables de voir qu'il est notre présent. Captives nous fait fondamentalement réfléchir aux mouchards que nous avons innocemment installés chez nous, à notre incapacité de comprendre le crime, à l'amour que nous portons aux êtres proches, à notre complicité avec ce que l'on nous sert comme immuable... De quoi déranger plus d'un critique qui ne peut comprendre que le dogme. Atom Egoyan, même dans ses films hollywoodiens, reste un hors-la-loi.

mardi 16 décembre 2014

Le cinéma forain, tradition séculaire


Quelle différence y a-t-il entre un film d'auteur (référence au 7ème Art) et un film de distraction (ce que les Américains appellent entertainment) ? Le premier se préoccupe essentiellement de traduire sa pensée pour réaliser une œuvre intègre, le second projette les attentes du public pour lui plaire. Entre ces deux extrêmes se déploient en éventail toutes les nuances, le cinéma étant un mode d'expression et une industrie extrêmement onéreuse. Un film comme Detetective Dee II, la légende du Dragon des mers ayant coûté un milliard à ses producteurs, comment imaginer ne pas rentrer dans ses fonds ? La question de l'argent est incontournable quel que soit le budget. Certains cinéastes ont choisi de tourner exclusivement avec des petits moyens pour rester libres sans trop de pressions économiques. Il n'empêche, ça coûte cher et plus ça coûte, plus les pressions sont fortes.

Il y a quarante ans cet enjeu m'a fait bifurquer vers la musique, mon indépendance me semblant alors la condition sine qua non pour que mes rêves prennent corps. Ma compagne cinéaste incarne ce que je voulais être lorsque je suis sorti de l'Idhec (reconditionnée en Femis par le pouvoir pour des raisons politiques et économiques !) et la raison pour laquelle je ne l'ai pas fait (elle tourne un long métrage tous les quatre ans, ce qui ne peut correspondre avec mes aspirations). Cet exemple est pour moi déterminant et j'y pense tous les matins en me levant avec entrain pour filer travailler. Même siffler sous la douche est jouer de la musique ! Mais au cinéma comme en architecture le plan n'est pas le territoire, et j'ai rencontré trop de réalisateurs malheureux, et non des moindres.

Ce n'est pas le cas de Tsui Hark qui a réussi à tourner une quarantaine de films répondant à l'attente d'un public avide de rêves et de sensations fortes. La série Il était une fois en Chine a remporté un succès considérable, et on lui doit aussi Shanghai Blues, Peking Opera Blues, Histoires de fantômes chinois, Le festin chinois et bien d'autres films où le cinéaste a toujours fait preuve d'invention et de virtuosité. Après une expérience aux États Unis qui ne lui a pas plu il est retourné à Hong Kong il y a quinze ans où il a réalisé Time and Tide... La suite explose sur l'écran avec à l'appui moult effets spéciaux et chorégraphies incroyables que seuls les Chinois savent maîtriser.


Détective Dee 2 : La Légende du Dragon des mers, son dernier opus, sorti en DVD/Blu-Ray/3D chez Wild Side, préquelle du précédent Détective Dee : Le Mystère de la flamme fantôme aussi flamboyant, est un conte taribiscoté, bourré d'intrigues, et dont le spectacle rivalise avec les meilleures attractions de foire. Car si le cinéma d'art et essai fait réfléchir celui de grand spectacle délasse et nous fait oublier les duretés du quotidien. En fonction des moments n'avons-nous pas besoin et de l'un et de l'autre ? La frontière n'est pas forcément si tranchée, mais il est intéressant de se souvenir que le cinéma est né dans les foires et qu'il est sain que parfois il y retourne. Un film comme celui-ci vaut toutes les montagnes russes, certes sans provoquer les mouvements intestinaux que recherchent les amateurs d'émotions fortes. Détective Dee 2 : La Légende du Dragon des mers nous renvoie à l'enfance où nous rêvions plaies et bosses, mais aussi romances à deux sous et énigmes policières. Calibré pour répondre à ces exigences délicieusement régressives, le film de Tsui Hark est un feu d'artifices où les monstres s'apprivoisent, un cheval galope sous la mer, les guerriers s'envolent, le tout avec une grâce de patineurs. Le cinéaste hong-kongais dessine et mime tous ses plans, imaginant de film en film de nouvelles figures. L'happy end est de rigueur, les gentils roturiers triomphant des vils revanchards, la noblesse restant épargnée malgré son cynisme calculateur et son pouvoir aveugle, car c'est tout de même bien l'argent qui règne ici en maître, sur l'écran et derrière.

mercredi 10 décembre 2014

En Blu-Ray : Welles, Godard, Cimino, Gans


J'avais reçu plusieurs films en Blu-Ray, mais la FreeBox refusait catégoriquement de les lire. Je me suis donc fendu d'une nouvelle platine qui lit aussi les DVD et que je pourrai à l'occasion faire dézoner pour regarder ceux achetés en Amérique ou en Asie. Cette opération ne fonctionne hélas pas pour les Blu-Ray, mais comme pour l'instant les miens viennent seulement d'éditeurs français le problème ne se pose pas encore. J'en ai profité pour changer d'ampli, toutes mes connexions se faisant dorénavant en HDMI, ce qui simplifie considérablement l'enchevêtrement de fils. Tout serait si simple si les fabricants de matériel annonçaient la couleur, celle de l'argent évidemment : un lecteur Blu-Ray connecté en HDMI ne peut lire que du 16/9, ce qui signifie que les DVD au format 4/3 sont anamorphosés et que le vidéoprojecteur refuse la commutation. Je suis donc obligé de conserver mon vieux lecteur DVD (connecté en Vidéo, S-Vidéo ou composite) si je veux continuer à regarder l'intégralité de ma cinémathèque, en particulier les films d'avant l'époque où le 16/9 s'est imposé comme unique standard... Je ne suis pas pour autant convaincu par le Blu-Ray lorsqu'il s'agit de films antérieurs à ce formatage commercial. Comme toujours la qualité d'un film ne dépend pas de la technique, et la technique dépend du soin qu'on y a mis. Les tests sont donc variables. Au moins, à défaut de vraiment mieux, ce n'est pas pire, c'est déjà ça ! Asseyons-nous donc confortablement pour admirer quelques perles reçues ces dernières semaines...


Carlotta réédite les chefs d'œuvre Macbeth et Othello d'Orson Welles dans des éditions généreuses. Le premier est un double Blu-Ray avec les versions originale de 1948 (119 mn) et remontée de 1950 (85 mn). L'accent écossais fut remplacé, les bruitages élagués, la musique coupaillée pour tenter de surmonter l'échec commercial de la sortie initiale. Rien n'y fit. Welles continuera à subir les camouflets toute sa vie. Seul Citizen Kane fut un réel succès. Les bonus sont exceptionnels : comparaison des deux versions, relation à Shakespeare, analyse du décor avec croquis et illustrations de Welles, de la musique de Jacques Ibert et du son, de l'image, entretien avec Stuart Seide, quelques minutes du Macbeth vaudou monté par le cinéaste avec des acteurs afro-américains, enregistrement discographique de 1940 avec les acteurs du Mercury Theatre, et un supplément absent de la version 3 DVD que je possédais déjà, une lecture personnelle et passionnée du film par Denis Lavant.

Même qualité de restauration pour Othello avec la version officielle de 1992 sortie également l'an passé au cinéma (article du blog). En bonus : entretien fleuve avec l'historien Joseph McBride et Return to Glennascaul court-métrage de 1951 de Hilton Edwards avec Welles. Dans les deux films d'Orson Welles, chaque cadre est pensé, cohérent avec le sens du récit. On est très loin des histoires platement racontées que le cinéma propose aujourd'hui, formaté par les conventions hollywoodiennes et faussement réalistes. Tout est à réinventer si l'exigence cinéphilique ne veut pas se dissoudre dans la banalité.


Il faut voir et entendre le travail expérimental de Jean-Luc Godard sur Adieu au langage pour comprendre que rien n'est figé, tout peut être remis en question. De la 3D au 5.1, Jean-Luc Godard interroge le médium et s'en moque, brisant les tabous techniques pour que d'autres cinéastes puissent s'en emparer. C'est superbe et cochon, parfois ennuyeux et toujours passionnant. L'octogénaire suisse a beau radoter, il est plus réveillé que la plupart de ses contemporains. À suivre, pour l'exemple... Donc surtout à ne pas suivre, mais s'en inspirer pour jeter aux orties les mauvaises habitudes des faiseurs de films qui rabâchent les logorrhées musicales pontifiantes et redondantes, les portraits convenus, les montages plan-plan et les images de cartes postales kitchissimes !

Toujours en Blu-Ray, même si tous ces films sont également disponibles en DVD, Thunderbolt and Lightfoot que la traduction française condamne en l'appelant Le canardeur. Thriller plein d'humour, road movie au travers des grands espaces du Montana, le premier film de Michael Cimino est une petite merveille de 1974 restaurée en 2K. Le cinéaste pastiche la renommée de Clint Eastwood qui vient de faire un carton avec Magnum Force et laisse faire ses premières armes à l'épatant Jeff Bridges. Là encore l'édition discographique offre des suppléments formidables invisibles en salles : entretien avec Cimino expliquant son intérêt primordial pour les personnages avant d'entamer la rédaction du récit et une analyse de Jean Douchet.


Necronomicon de Christophe Gans, Shu Kaneko et Brian Yuzna justifie plus sûrement le nouveau support, à l'image de ce qui se tourne aujourd'hui. Ce film d'épouvante de 1993 présente trois histoires fantastiques de H.P. Lovecraft filmées par chacun des trois. Un DVD rempli à ras bord de suppléments accompagne le Blu-Ray. J'avais oublié que j'avais contribué à son film de promotion lorsque Christophe Gans était étudiant à l'IDHEC. Je joue en effet du synthétiseur sur Silver Slime et le livret de Necronomicon reproduit un petit texte que j'ai écrit en souvenir de ce jeune homme passionné, fondateur de HK Magazine, qui réussira à donner corps à ses rêves : « En sortant de l'Idhec, en 1975, je trouvai illico un poste de second assistant réalisateur sur un film de Jean Rollin, Lèvres de sang. J'ai une tendresse particulière pour ce film puisqu'il marqua mon entrée dans le métier et que j'y tiens un petit rôle, très chaste, le temps de deux plans. En 1979, à 27 ans, déjà enseignant à l’IDHEC, en charge de l'initiation à la partition sonore, je deviens responsable des étudiants de première année. Je me souviens avoir croisé Christophe Gans un jour dans les couloirs. Il me demande si c'est moi qui joue dans Suce-moi, vampire. Je reste interloqué car j'ignore tout de ce film. Il m'explique que c'est la version hard de Lèvres de sang. J'éclate de rire et je lui raconte mes aventures avec Jean Rollin. Christophe Gans me parle alors de son engouement pour les films de série B ou Z avec une telle passion que je le "protégerai" ensuite du monde un peu borné de l'IDHEC. Il était évidemment atypique parmi ses congénères plus portés sur les grands cinéastes ou la Nouvelle Vague. J'étais moi-même plus proche de Godard ou Buñuel que des films de kung-fu ou des peplums italiens ! Rien de surprenant donc à ce qu'il m'ait demandé de jouer du synthétiseur sur son film de promo, Christophe est probablement venu me voir chez moi pour que j'enregistre les coups de tonnerre au début et à la fin du film. Son film est nettement plus sympa que nombreux trucs prétentieux qui continuent à se tourner à la Femis. Il n'a pas essayé de composer une carte de visite, mais il s'en est simplement donné à cœur joie en faisant ce dont il rêvait. À la sortie de son premier long-métrage je me souviens avoir été heureux de constater qu'il avait continué dans la voie qu'il avait choisie depuis le début sans céder aux pressions formatives de la profession. Vivre sa passion, quoi de mieux ? Sauf que c'est un métier difficile où les cinéastes morflent toute leur vie ;-)

Macbeth et Othello, coffret Blu-Ray et DVD, ed. Carlotta, 40,11 €
Adieu au langage, Blu-Ray et DVD, ed. Wild Side, 19,99 €
Le canardeur, Blu-Ray et DVD, ed. Carlotta, 20,06 €
Necromicon, Blu-Ray, ed. Metropolitan, 19,71 €

jeudi 4 décembre 2014

A Hard Day's Night au cinéma, en Blu-ray, DVD et VOD


En filmant les Beatles pour A Hard Day's Night Richard Lester réalise un hommage au burlesque qui inaugurera toute une série de films incroyables. Il s'en donne à cœur joie avec ces quatre garçons dans le vent qui pastichent leurs propres rôles en se défoulant de la pression inimaginable que le succès leur impose. Lester multiplie les clins d'œil à Keaton, aux Marx Brothers, à Hellzapoppin et Peter Sellers avec qui il a déjà tourné. Sa docu-fiction possède la fraîcheur d'une fantaisie, entrecoupée de séquences musicales en play-back particulièrement exubérantes et entraînantes, les chansons lui conférant un statut de comédie musicale. La caméra danse dans un noir et blanc rock 'n roll que magnifie le montage rythmé à l'aube du Swinging London.
En plus d'une superbe restauration 4K et mixage 5.1, le DVD / BluRay que publie Carlotta offre 3 heures de suppléments passionnants : commentaires des Beatles eux-mêmes, making of, souvenirs de tournage, analyse du style, étonnante filmographie de Richard Lester, explications des références british qui nous échappent, séquence inédite de You Can't Do That, etc.


J'avais découvert A Hard Day's Night à sa sortie en 1964, dans une ville de province du sud de l'Angleterre, Salisbury. Dans la salle de cinéma bondée les filles hurlaient en s'arrachant les cheveux exactement comme dans le film, comme si les Beatles étaient là en chair et en os ! Fiction et documentaire s'interpénètrent jusqu'à déborder l'écran en envahissant l'orchestre et le balcon. Je n'ai jamais retrouvé une telle hystérie, sauf peut-être lorsque quelques années plus tard je fus en charge de George Harrison de passage à Paris après le concert auquel je participai avec lui chez Maxim's ! J'ai déjà raconté l'harmonium que l'on m'arracha des mains parce que je scandais Hare Krishna au lieu d'assurer sobrement le drône de rigueur, mais ce qui m'impressionna le plus vient des fans qui se couchèrent devant les quatre roues de la voiture pour empêcher le chauffeur de Harrison de démarrer. En Angleterre il y avait toujours deux longs métrages pour le prix d'un et ce n'est pas un hasard si le second film choisi en complément de programme était interprété par les délirants Three Stooges. L'humour anglais, absurde et corrosif, transformait John, Paul, George et Ringo en personnages de dessin animé. C'est ce qu'ils deviendront avec Yellow Submarine, mais avant cela, Lester avec Help continuera de filmer, en couleurs cette fois, les délires des quatre garçons de Liverpool. Mais pas seulement...
Car A Hard Day's Night donne furieusement envie de voir ou revoir les films de la première période, délirante voire psychédélique, de Richard Lester : Le knack ou comment l'avoir (The Knack... and How to Get It), Le Forum en folie (A Funny Thing Happened on the Way to the Forum), Comment j'ai gagné la guerre (How I Won the War), Petulia, The Bed Sitting Room, Les Trois Mousquetaires (The Three Musketeers).

Sortie au cinéma et en Blu-ray, DVD et VOD le 10 décembre 2014