70 Cinéma & DVD - août 2008 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 31 août 2008

Black Panthers


En butinant dans les terrains vagues mondialement étendus, je tombe sur quatre films exceptionnels sur les Black Panthers, "mouvement révolutionnaire afro-américain formé aux États-Unis en 1966 par Bobby Seale et Huey P. Newton qui a atteint une échelle nationale avant de s'effondrer à cause de tensions internes et des efforts de suppression par l'État, en particulier le FBI (efforts qui comportaient des arrestations et l'agitation de factions rivales via des infiltrateurs). L'organisation est connue pour son programme «Free Breakfast for Children», l'utilisation du terme « pigs » (cochons) pour décrire les agents de police ainsi que pour avoir apporté des armes à feu à l'assemblée législative californienne" (Wikipédia).
Huey P. Newton Story est un one man show de Spike Lee tourné pour la télévision en 2001 avec Robert Guenveur Smith dans le rôle titre. La performance de l'auteur-comédien est à couper le souffle, pour peu que l'on arrive à suivre son flow impressionnant (la version projetée étant en anglais sans sous-titres), jeu de jambes, effets de fumée, accent louisiannais, scansion de rappeur, mélodie en sous-sol. L'action se passe aujourd'hui, sur une scène entourée de grillages derrière lesquels le public porte des bérets noirs. Soutenu par une mise en scène étourdissante, un montage astucieux et une partition sonore formidable de Marc Anthony Thompson, le passé et le présent se croisent avec une maestria qui redonne son actualité aux revendications et plonge notre époque dans l'abîme, comme le personnage réfléchissant lui-même l'histoire de cette révolte, affirmant que l'on obtient rien sans combattre (Urban Works, zone 1). L'extrait ci-dessus est un montage indépendant, essentiellement d'après le film d'1h25 de Spike Lee.
En 1995, Robert Guenveur Smith avait déjà un petit rôle dans le Panther de Mario Van Peebles contant la fondation et la chute du Black Panther Party for Self Defense à Oakland, Californie. Plus classique, le film, écrit par son père, le célèbre réalisateur Melvin Van Peebles, mêlant, comme il se doit, gangster et politique, permet de comprendre la genèse de cette étonnante saga (Polygram, difficilement trouvable actuellement sans payer un prix prohibitif).


The Murder of Fred Hampton de Howard Alk et Mike Gray est un documentaire de 1971 sur l'assassinat à Chicago d'un militant de 21 ans par la police de l'Illinois de 99 balles alors qu'il dormait dans son lit et "achevé" de deux balles dans la tête tirées à bout portant ! Ce film "historique" revient sur l'année qui a précédée et suit l'enquête sur le meurtre démontrant les mensonges des "porcs" (vendu par Arte Vidéo en même temps que American Revolution 2).
Enfin, bien que ce ne soient pas les seuls films traitant des Black Panthers, on trouvera sur l'incontournable coffret Tous Courts d'Agnès Varda, le moyen-métrage Free Huey! tourné en 1968, bon complément documentaire à la pièce filmée par Spike Lee. Ce double dvd (Ciné-Tamaris) est un coffre aux trésors, absolument indispensable, pour découvrir cette artiste majeure, trop souvent reléguée à un rang subalterne derrière les autres metteurs en scène de la Nouvelle Vague qu'elle a pourtant initiée avant tous, machisme oblige !
Quant aux leçons à tirer de l'histoire des Panthers, elles sont nombreuses et pourraient être fort utiles lorsque les lois scélérates du Patriot Act mises en place par le gouvernement Bush vont commencer à entrer en vigueur, dans les faits, comme ce week-end avec l'intrusion délirante de la police de St Paul, Minnesota, dans la permanence anarchiste du RNC Convergence Space. Cela rappelle fondamentalement les exactions des années 60 contre la communauté noire ou le début des années 20 contre les ouvriers... Depuis le 11 septembre 2001, il y a péril en la demeure, mais de quel terrorisme est-il question ? D'un fantôme à barbichette ou d'une mafia pétrolière prête à tout pour conserver le pouvoir et assoir son autorité sur le reste du monde ?

mardi 26 août 2008

Jonathan Rosenbaum, le cinéma à découvert


Depuis que Jonathan Rosenbaum a pris sa retraite du Chicago Reader auquel il a collaboré de 1987 à cette année, il s'est employé à mettre en ligne les 7500 articles qu'il a rédigés et continue à écrire sur son blog hebdomadairement. Le célèbre critique américain, digne hériter de James Agee et André Bazin (dixit J-L Godard) comme de Serge Daney, donne des milliers de pistes à ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur les films ou les DVD, car Rosenbaum a changé ses pratiques avec le temps, regardant aujourd'hui beaucoup plus de galettes qu'il ne va au cinéma. Après avoir hanté les salles et pratiqué les cassettes vidéo, sa cinéphilie doit aujourd'hui beaucoup aux éditions DVD, nous permettant de partager ses révélations et ses coups de cœur. Ses articles souvent très fouillés offrent en effet à ses lecteurs (anglophones) de découvrir une flopée de raretés.
Ses parents, qui s'étaient fait construire leur maison par Frank Lloyd Wright, la seule en Alabama, avaient repris la chaîne de salles de cinémas que possédait son grand-père. Dans son autobiographie, Mouvements : Une vie au cinéma (P.O.L.), il raconte son enfance, ses premiers émois cinématographiques sans négliger les analyses filmiques et quelques considérations sociales sur l'époque.
En parcourant son blog, je pourrais passer des heures à découvrir des chefs d'œuvre méconnus pour lesquels Rosenbaum donne souvent les adresses pour se les procurer. Nous sommes loin des donneurs de leçons et des censeurs, on sent poindre la générosité et la passion sous chaque phrase.
Auteur de nombreux ouvrages, bataillant contre la toute puissance exclusive du cinéma américain, il révèle les films du reste du monde qui occupent, tout de même, plus de la moitié de son panégyrique. Françoise le rencontra ainsi en 1985, lors de la sortie américaine de Mix-Up ou Méli-Mélo qu'il contribua largement à faire connaître aux États-Unis et qui figure parmi ses 1000 films préférés après qu'il l'ait nommé film de l'année. Rare qualité, Jonathan Rosenbaum (photo extraite de son entretien sur le dvd Mix-Up édité par Lowave) s'intéresse à toutes les époques, des plus reculées aux plus actuelles, et à toutes les latitudes, voire certaines difficilement localisables pour qui n'est pas trop féru de géographie ! Irremplaçable.

dimanche 24 août 2008

Nuit et brouillard au Japon


Le désespoir des militants les pousse au règlement de comptes. Chacun s'accuse ou se tait. Nagisa Oshima fait des aller et retours de 1960 à 1952, de la guerre de Corée au Traité de sécurité avec les États-Unis. Une scène, un plan. Et une prise ! Oshima ne filme qu'au moment où il sent que ses acteurs sont prêts et post-synchronise si des problèmes se présentent. Il garde parfois les hésitations. Les coupes de montage sont là pour se voir, autrement c'est le plan séquence. Les flous lui permettent de focaliser ailleurs l'attention du spectateur, le point insiste sur ce qu'il veut souligner. Les couleurs lugubres du cinémascope plongent les étudiants dans une boue intellectuelle où les doutes côtoient les dogmes. Nuit et brouillard au Japon (dvd Carlotta) est un grand film politique préfigurant La Chinoise de Godard des années plus tard. Il oppose le mariage de deux militants à ceux qui n'ont pas désarmé et s'obstinent à chercher une vérité inaccessible, devenue inutile. Les trotskystes s'opposent évidemment ici aux révisionnistes staliniens. Tourné en 1960 comme La Trilogie de la Jeunesse, le film, aussi sombre que les trois autres, ne laisse aucune échappatoire à ses protagonistes. Le cinéaste dresse le portrait d'une jeunesse bourgeoise, révoltée et incapable de surmonter ses contradictions. Le renoncement et l'obstination sont sur le même plan. Fatal.

mardi 19 août 2008

Appelez-moi Madame (2)


Ce n'est pas si facile de travailler à deux au montage. Je suis rapide et impatient, Françoise est méticuleuse et têtue. Je lui ai donné un coup de main au tournage et déjà fourni un paquet de sons pour que l'entretien sur Appelez-moi Madame glisse subrepticement vers la fiction comme elle aime le faire dans tous ses documentaires. Pendant que j'apprends ainsi à me familiariser avec Final Cut, Françoise prend le recul qui lui est nécessaire. Après avoir presque terminé la version française de ce retour en arrière de vingt-deux ans, elle a souhaité faire un montage radicalement différent pour la version anglaise qu'elle a baragouinée tant bien que mal, nouveaux plans, nouveaux sons, nouvelles astuces et nouveaux gags.
L'idée est marrante de faire deux films différents en français et en anglais pour aborder les mêmes thèmes : la transsexualité en 1986, le regard face caméra, le contrechamp explicite, le refus des commentaires, la difficulté de ne pas céder aux critiques, la distanciation, l'émotion des caractères, la fictionalisation... D'une langue à l'autre, le ton est différent. Le français est plus direct et badin, l'anglais plus sec et hésitant.
Comme j'avais équipé Françoise d'un micro-cravate caché sous son corsage et clippé sur son soutien-gorge, la voix est claire, détachée, sans presque aucun coup de vent sur la membrane. Nous sommes même obligés de rajouter des sons seuls pour retrouver l'ambiance maritime et les grillons lorsque la terre est en vue. Clapotis, grincements que je mêle à ceux de la contrebasse d'Olivier Koechlin, mouettes moqueuses, splash et la musique composée initialement pour son film Si toi aussi tu m'abandonnes. Supprimée pour de sinistres raisons déjà abordées à l'époque du procès (gagné) contre la société de l'indélicat Serge Moati, c'est la première fois qu'on pourra l'entendre, du moins les parties avec le violoncelliste Didier Petit.
Il faut donc tout réimaginer et inventer en s'attaquant à la version anglophone. Les prises de vue sont évidemment différentes, mais il faut trouver le ton qui convient par le rythme du montage et la bande-son qui prend une importance colossale puisqu'elle joue sur le hors-champ. Françoise s'amuse d'ailleurs de quelques contrechamps savoureux avec son père qui roupille à l'avant du bateau et ma pomme, le casque sur les oreilles, m'agrippant au filin pour ne pas passer par-dessus bord ! Pour garder le cadre fixe tandis que le bateau tangue tant que ça peut, je maintiens la caméra si fort avec la main gauche que j'attraperai une tendinite dès le premier matin. Je veux que le cadre ne lâche pas Françoise avec l'arrière-plan qui chavire à nous en faire attraper le mal de mer.
Pour cette seconde interprétation, avec relativement peu de matériau, Françoise joue des désynchronisations, des frottements, des chevauchements, elle provoque en montrant que les coulisses sont aussi parlantes que l'attaque frontale. Sans tout dévoiler, ce sont les bêtises et les maladresses du tournage et du montage qui déclenchent en nous les meilleures idées. Face à l'adversité, nous sommes obligés d'inventer... Tout le monde est logé à la même enseigne.

lundi 18 août 2008

Hara-kiri de Mishima


En 1970, toutes les copies japonaises de l'unique film de Yukio Mishima, Patriotisme, avaient été détruites à la demande de sa veuve Yuko. Le célèbre écrivain nationaliste s'était fait seppuku (traduit "hara-kiri" en argot) lors d'une tentative de coup d'état avec son armée privée, mise en scène de son suicide rituel. Un de ses disciples le décapita avant de s'éventrer au sabre à son tour. Le producteur du film ayant sauvé le négatif et la veuve ayant disparu il y a trois ans, Criterion publie un dvd (zone 1) avec en suppléments un long entretien radiophonique, une interview vidéo de Mishima sur la seconde guerre mondiale et la mort, le témoignage des survivants de l'équipe du tournage, le livret incluant la nouvelle originale et un texte sur le film rédigé par Mishima lui-même. Le film ressemble à une répétition de l'acte final, l'écrivain mettant en scène sa propre mort en y interprétant le rôle principal, inspiré par l'auto-érotisme du martyre de Saint-Sébastien. L'amour et la mort y sont liés avec une puissante intensité que l'histoire réelle souligne avec d'autant plus de crudité. En noir et blanc, muet avec des intertitres (le dvd propose une version japonaise et une version anglaise, la version française manquant, mais l'enregistrement usé de 1936 du Liebestod de Tristan et Iseult de Richard Wagner, ici redondante illustration musicale, fonctionne beaucoup moins bien qu'avec Un chien andalou de Buñuel), Patriotisme, toutes proportions gardées, rappelle Un chant d'amour de Jean Genet, sublime et unique film de l'écrivain français, par ses rituels homosexuels axés sur la beauté. On en ressort plus troublé qu'ébahi, l'autre référence qui me vient à l'esprit étant Les 120 journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini, un troisième écrivain à passer au cinéma, tout aussi provoquant, avec la même franchise, la même cruauté, la même sublimation...
Dans la foulée, Criterion édite un second luxueux dvd (double cette fois, toujours zone 1) autour du film Mishima: A Life in Four Chapters, fiction kitsch de Paul Schrader s'inspirant de la vie de l'artiste et composé également d'extraits mis en scène de plusieurs de ses pièces. En plus du superbe livret, un documentaire de la BBC et nombreux entretiens et commentaires accompagnent le film produit par Coppola et Lucas (Zoetrope). Bien que la musique omniprésente de Philip Glass noie le film dans ses ors et rose bonbon, les racines de l'œuvre de Mishima sont clairement mises à nu, de l'autorité de sa grand-mère à l'amour immodéré pour sa mère, de sa culpabilité d'avoir échappé à une guerre qu'il ne supporte pas que son pays ait perdue à ses inclinations homosexuelles difficilement assumées, du code d'honneur du samouraï au culte du corps qu'il ne peut souffrir de voir se flétrir.


P.S. : Depuis que j'ai rédigé cet article, les éditions Montparnasse ont publié le film de Mishima, donc en Zone 2 (compatible avec les lecteurs en France), sous son titre japonais "Yûkoku", accompagné d'un formidable et sulfureux entretien audiovisuel inédit en français (!) de l'auteur par Jean-Claude Courdy, ainsi qu'un passionnant livret de 32 pages de Stéphane Giocanti et l'édition Folio/Gallimard du livre de Mishima, Patriotisme et autres nouvelles d'où est tiré le film.

mardi 12 août 2008

A Scanner Darkly



A Scanner Darkly (2006) est tout à fait le genre de film à qui l'édition DVD profite parce qu'elle s'accompagne de bonus éclairant les zones obscures. Le scénario inspiré par une œuvre de Philip K. Dick est quelque peu flottant et la technique d'animation en rotoscopie demande quelques explications. Il a fallu dix-huit mois pour traiter numériquement les plans tournés avec Keanu Reeves, Robert Downey Jr, Woody Harrelson, Rory Cochrane et Wynona Ryder. Les images ont été retravaillées une à une comme Richard Linklater l'avait déjà réalisé pour Waking Life cinq ans auparavant. Le côté bande dessinée gauchit suffisamment la réalité pour nous faire basculer dans la posture instable où la drogue noie les protagonistes, un univers de cauchemar où la paranoïa est le maître mot et la vidéo-surveillance le mètre mal. Les délires verbaux des acteurs donne le vertige plus que leurs hallucinations quasi comiques, nous plongeant dans un coma où la schizophrénie et la perte de repères réfléchissent l'expérience vécue par le génial auteur de science-fiction dont Blade Runner, Screamers, Total Recall, Confessions d'un barjo, Minority Report, Paycheck, Next sont les adaptations déjà portées à l'écran. Une interview de 1977 de K.Dick lui-même montre le climat de suspicion de l'époque Nixon et la paranoïa qu'elle engendra, ajoutée aux difficultés que l'auteur rencontra avec l'acide (LSD). "Seul, abandonné par sa femme, l'auteur ouvre sa maison à tous les drogués, hippies ou junkies de passage. Plus une journée ne passe sans qu'il se drogue, ce qui provoque chez lui de longues périodes de délire. Cette expérience le pousse à écrire Substance mort, écrit en 1975, publié en 1977" (Wikipédia). On l'entend également lire des passages de son livre... Le générique de fin égrène la longue liste de ses amis, décédés ou perdus dans les limbes de la psychose et de la maladie. Sa fille, dont le parrain n'était autre que Timothy Leary, participe également aux commentaires de cette comédie noire.

lundi 4 août 2008

Appelez-moi Madame 1


Françoise m'a demandé de filmer son interview pour accompagner le DVD de son second film, Appelez-moi Madame, qui sortira en novembre. Nous avons embarqué à bord du pointu de Jean-Claude pour tourner au large. En 1986, son film se passait en Normandie, au bord de la Manche et au Moulin d'Andée. Vingt-deux ans plus tard, elle choisit la Méditerranée, près de sa ville natale de La Ciotat. De retour à terre, elle s'aperçoit qu'elle aurait aimé apporter certaines précisions que les embruns lui ont fait oublier. Comme il n'est pas question de recommencer, je lui suggère d'ajouter ces détails en sous-titres ou en commentaires de son entretien, rajoutant une couche critique à ses souvenirs. Appelez-moi Madame est l'histoire d'un militant communiste, marié et père d’un adolescent, qui, dans un petit village normand, devient transsexuel à 55 ans, aidé par sa femme. Comme le précédent, Mix-Up ou Méli-Mélo (édité en DVD par Lowave), le second film de Françoise Romand eut un retentissement extraordinaire aux États-Unis et fut complètement ignoré en France. Les DVD apportent une seconde chance aux films. Le sien sortira en DVD (édité cette fois par alibi) peu après son nouveau Ciné-Romand (1 2 3) qui se tiendra à La Bellevilloise le dimanche 26 octobre prochain. On en reparle.

samedi 2 août 2008

Wall-E, un film sur le retour


Si Kung-Fu Panda est nullissime, juste bon pour des garçonnets attardés, Wall-e est une grosse déception venant des créateurs du Monde de Némo, le petit poisson malin. Comment la presse peut-elle faire sa une d'un truc aussi fadasse sans être achetée par ses annonceurs ? Qu'on me comprenne, ceux qui ont adoré le lénifiant E.T. y trouveront leur bonheur, les autres se lasseront vite des clins d'œil référentiels (rien que dans la bande-annonce, ça pullule, alors imaginez un long-métrage sur ce modèle !), du sirop symphonique (noyant les effets sonores dont les quotidiens se sont abondamment fait l'écho, et puis, un peu de modulateur en anneau et de vocodeur sur les voix, ce n'est pas la mer à boire, cling clong rrrrek), des minauderies du couple de robots anthropomorphiques (ça nous ferait vomir sur les sentiments amoureux, tant c'est saturé de sucre mielleux), des éternels plans de New York détruit (dans les films américains, c'est toujours le symbole de la Terre, quelle imagination !), de la répétition des scènes robotiques autrement moins visionnaires que chez Chaplin... Techniquement, c'est bien fait, mais la morale de l'histoire est bien con-con. Les humains obèses et impotents reviennent coloniser la planète puisque les plantes vertes y ont retrouvé leur oxygène. Ah, ça finit bien ? Alors allons-y, on peut tout casser, ça repousse !
Heureusement que Presto, le court-métrage Pixar qui précède cette duperie, m'a fait rigoler. C'est l'histoire d'un petit lapin qui refuse de jouer le jeu de son maître illusionniste tant qu'il n'aura pas croqué sa carotte. Comme dans Hellzapoppin, les catastrophes enthousiasment le public. Ça ne va pas loin, mais au moins la destruction ne nécessite pas de caution morale. La régression est explicite.