70 Humeurs & opinions - mai 2007 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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dimanche 20 mai 2007

Pas en notre nom


Sarkozy rêve de grands travaux à la Haussmann. Son urbanité feinte permet de penser qu'ils ne seront pas d'ordre architectural. Ses intérêts sont dans le social. Tracer de grandes allées bien dégagées sur les oreilles permettra à la police de la pensée de rouler vite et droit. Il personnalise le symbole phallique que la bourgeoisie friquée attendait depuis longtemps. La droite est décomplexée. C'est le maître mot. La cohabitation lui liait les poings. Le mal est à l'œuvre. La façade est encore bâchée. Les pompes de la République semblent d'un blanc immaculé, mais derrière se trame déjà un second acte, triste et lugubre.


Après les législatives et un premier gouvernement dit d'ouverture, constitué de barons veules et serviles, de traîtres opportunistes et de gogos naïfs, il s'attaquera aux véritables réformes qui mettront le pays à genoux. Ses admirateurs pensent que lui fera ce qu'il a promis. Lorsqu'on leur pose la question du quoi, ils ne savent que répondre tout. C'est tout dire. Prudents et impudents, ils précisent "pourvu qu'on le laisse faire" ! J'écris comme si c'était de la science-fiction, c'est de la realpolitik, comme Bismarck l'entendait.

mardi 15 mai 2007

Créer c'est résister. Résister c'est créer.



Lancé lors d'une conférence de presse, à Paris, Maison de l’Amérique latine, le 8 mars 2004, pour la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944, ce texte a été refusé de publication par les médias dominants. Les images ont été tournées en réaction à ce refus, au moment de la campagne référendaire. L'appel des Résistants a refait surface sur divers sites à la mi-mars 2007.

L'Appel des Résistants.

Au moment où nous voyons remis en cause le socle des conquêtes sociales de la Libération, nous, vétérans des mouvements de Résistance et des forces Combattantes de la France Libre (1940-1945), appelons les jeunes générations à faire vivre et transmettre l'héritage de la Résistance et ses idéaux toujours actuels de démocratie économique, sociale et culturelle.
Soixante ans plus tard, le nazisme est vaincu, grâce au sacrifice de nos frères et sœurs de la Résistance et des nations unies contre la barbarie fasciste. Mais cette menace n'a pas totalement disparu et notre colère contre l'injustice est toujours intacte.
Nous appelons, en conscience, à célébrer l'actualité de la Résistance, non pas au profit de causes partisanes ou instrumentalisées par un quelconque enjeu de pouvoir, mais pour proposer aux générations qui nous succéderont d'accomplir trois gestes humanistes et profondément politiques au sens vrai du terme, pour que la flamme de la Résistance ne s'éteigne jamais :
Nous appelons d'abord les éducateurs, les mouvements sociaux, les collectivités publiques, les créateurs, les citoyens, les exploités, les humiliés, à célébrer ensemble l'anniversaire du programme du Conseil national de la Résistance (C.N.R.) adopté dans la clandestinité le 15 mars 1944 : Sécurité sociale et retraites généralisées, contrôle des «féodalités économiques », droit à la culture et à l'éducation pour tous, presse délivrée de l'argent et de la corruption, lois sociales ouvrières et agricoles, etc. Comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes sociales, alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ? Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Nous appelons ensuite les mouvements, partis, associations, institutions et syndicats héritiers de la Résistance à dépasser les enjeux sectoriels, et à se consacrer en priorité aux causes politiques des injustices et des conflits sociaux, et non plus seulement à leurs conséquences, à définir ensemble un nouveau « Programme de Résistance » pour notre siècle, sachant que le fascisme se nourrit toujours du racisme, de l'intolérance et de la guerre, qui eux-mêmes se nourrissent des injustices sociales.
Nous appelons enfin les enfants, les jeunes, les parents, les anciens et les grands-parents, les éducateurs, les autorités publiques, à une véritable insurrection pacifique contre les moyens de communication de masse qui ne proposent comme horizon pour notre jeunesse que la consommation marchande, le mépris des plus faibles et de la culture, l'amnésie généralisée et la compétition à outrance de tous contre tous. Nous n'acceptons pas que les principaux médias soient désormais contrôlés par des intérêts privés, contrairement au programme du Conseil national de la Résistance et aux ordonnances sur la presse de 1944.
Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection :
«Créer, c'est résister. Résister, c'est créer ».

Signataires : Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey.

dimanche 13 mai 2007

La Marseillaise au pipeau


Petit délassement dominical, la manif de droite qui a pas mal circulé sur le Net depuis le jour des élections. Filmée par Arnaud Contreras (A 360 Productions) et montée récemment, cette action a été organisée à Paris le 25 avril 2003 par le Fourneau, la Fédération des Arts de la Rue et des intermittents (de droite évidemment...). Inventons des grèves populaires, qui fassent plaisir à tous les usagers. L'humour est souvent un bon exutoire, à défaut de convaincre, puisqu'avec des arguments, même les plus sensés, on ne convainc personne qui ne veuille être convaincu. Faisons preuve d'imagination dans les luttes à venir si nous voulons éclairer les indécis et réveiller les intoxiqués qui votent contre leurs intérêts. Kuhle Wampe... D'ailleurs, cela continue à me trotter dans la tête, mais pourquoi les victimes élisent-elles majoritairement leurs bourreaux ? Ce n'est pas nouveau. C'est ainsi depuis la nuit des temps. L'être humain est-il fondamentalement SM ? L'imagerie de l'occident chrétien l'affirme. Comment expliquer que les états perdurent alors qu'ils sont tous à la solde de quelques nantis qui exploitent le bon peuple ? Le syndrome de Stockholm appliqué aux masses !

lundi 7 mai 2007

À table !


Remettre le compteur à zéro, rêver d'abord, recommencer à rêver, inventer, agir, communiquer, résister. Le lot habituel, mais comme ce sera un peu plus dur, il faudra mettre les bouchées doubles. J'aimerais que les circonstances transforment nos expressions artistiques. Un programme alléchant.

dimanche 6 mai 2007

Réfutations


Quelles que soient nos critiques à l'égard de la politique proposée par Ségolène Royal (on sait à quoi s'en tenir avec les "Démocrates" du parti Socialiste comme on a déjà expérimenté les "Républicains" de la droite traditionnelle), je n'ai pas cédé ce matin à l'envie de vous montrer Réfutations, un film de 66 minutes de Thomas Lacoste (ici en 4 parties), histoire de savoir ce qui nous attend à partir de ce soir.
" Seize militants et chercheurs, seize regards acérés sur le monde que nous prépare Nicolas Sarkozy. Ni haine, ni diabolisation, mais la réalité d'une droite décomplexée en passe d'accéder au pouvoir. Une déconstruction implacable de la rhétorique sarkozyste...".
Avec la participation de Jeanne Balibar (comédienne), Monique Chemillier-Gendreau (juriste), Anne Debrégeas (Fédération Sud-Energie), Eric Fassin (sociologue), Hélène Franco (Syndicat de la magistrature), Susan George (économiste), Michel Husson (économiste), Bruno Julliard (Uunef), Christian Lehmann (médecin), Nacira Guenif-Souilamas (sociologue), Thomas Heams (Convention pour la 6e République), Richard Moyon (Réseau Éducation Sans Frontière), Thomas Piketty (économiste), Emmanuel Terray (ethnologue), Louis-Georges Tin (maître de conférence, CRAN), Alain Trautmann (Sauvons la Recherche !).







"Pour soutenir cette action, qui en appelle de nouvelles, vous pouvez acheter le DVD du film Réfutations sur le site www.lautrecampagne.org ou par chèque (10 euros) à l’ordre de l’Autre association, 3 rue des Petites Ecuries, 75010 Paris."

samedi 5 mai 2007

Solitude


Achevons Mai 68 est le titre du dernier texte publié par Michel Onfray sur son blog datant du 3 mai, passionnante plaidoirie qui remet chacune et chacun à sa place. Les idéaux de l’époque et la réaction qu’ils engendrèrent et qui se perpétue dans les propos de nos présidentiables et de leurs apôtres devraient intéresser les jeunes générations si elles souhaitent vivre autrement que dans la peur, l’ennui ou un cynisme démobilisateur. Les vieux disaient alors : « si tu n’es pas anarchiste à vingt ans, tu ne le seras jamais », sous-entendu il est normal et sain que la jeunesse se rebelle, elle se tassera à l’épreuve de la vie. Nombreux fils et filles de bourgeois qui furent les artisans de cette révolution de mœurs se résignèrent en effet à leurs intérêts de classe lorsqu’ils furent en âge d’hériter, d’un métier d’abord, de la famille ensuite. Je me souviendrai toujours du choc que me fit Pier Paolo Pasolini lorsqu’il clama que les étudiants étaient tout de même des fils de bourgeois qui se battaient contre des fils de prolos, les flics. Cette phrase me permit d’appréhender l’avenir en me préparant aux multiples trahisons dont nombreux acteurs de Mai 68 allaient faire leur fonds de commerce. J’avais quinze ans et les années qui suivirent se vêtirent du costume du rêve. L’imagination au pouvoir, lisait-on tagué sur les murs de l’école. Comme un devoir imposé. Faites l’amour, pas la guerre, chantait-on tandis que les jeunes Américains allaient se faire tuer en brûlant le Vietnam au napalm. On préférait incendier le drapeau. Mai 68 ne fut pas une affaire française ou parisienne, sur tous les continents la révolte grondait, le poing levé ou avec le V du majeur et de l’index pointés vers le ciel, qu’importe. Il y avait des fleurs, le sexe des plantes. Une solidarité de chaque instant s’exprimait parmi nous. Nous partagions. Nos cheveux longs étaient un signe de reconnaissance, laissant faire la nature… Frank Zappa fit un peu tomber l’ambiance lorsque, sur Weasels ripped my flesh, on l’entend répondre à un excité : « Chacun dans cette salle porte un uniforme, ne vous racontez pas d’histoire, don’t kid yourself ! » Des kids, nous étions des gosses qui pensions changer le monde. Certes, nous l’avons dévoré à pleines dents et nous avons continué à rêver tandis que le capital agissait dans le réel. La mort s’empara de tous, les uns après les autres, la mort sociale, le renoncement, la mort programmée du cycle de la vie, la mort contre laquelle nous avions grandi, la mort des utopies. Faute de combattants, la solitude gagne du terrain, c’est le blues. C’est d'abord aux plus jeunes d’être anarchistes, il en restera peut-être quelque chose. Tout cela n’est qu’une affaire de cycle, une révolution. Car tous, autant que nous sommes, si nous désertons les rêves en croyant que ci ou ça ne se fait pas ou que c’est irréaliste, nous sommes morts avant même d’être venus à la vie, la vraie, celle qui est ailleurs. La libido s'éteint lorsque le désir s'exprime sans solidarité. Si nous sommes incapables d’imaginer un monde meilleur ou que la tâche semble trop lourde, je ne donne pas chère de cette planète. L'avenir est entre nos mains, sous l'entière responsabilité de chacune et de chacun.

mardi 1 mai 2007

1er mai


Fête du Travail (Fête des travailleurs rebaptisée par Pétain), jour chômé. Le muguet (ayant remplacé l'églantine rouge) est précoce encore cette année. Il a fané avant la date. Les autres plantes grignotent toujours un peu plus son espace vital. Il résiste. C'est chouette d'avoir du muguet dans son jardin. De toute façon, notre églantier fait des fleurs blanches, elles ont éclot avec l'orage de dimanche soir. C'est chouette aussi d'avoir le droit de voter, mais les améliorations sociales ont toujours été acquises dans la rue. Si les Français sont assez fous pour élire un psychopathe, c'est qu'il leur ressemble. Ne soyons dupes d'aucune démocratie, pas plus la sociale qu'une autre, mais il serait criminel de ne pas tenter de faire barrage à un dictateur en puissance. Quelles que soient vos opinions politiques, vous ne pouvez vous faire complice de la main mise sur la république par les grands patrons qui manipulent ce dangereux paranoïaque. La pègre pétrolière a réussi son coup d'État aux USA. En France, la presse est déjà aux mains des marchands de canons, ses amis. Les lois sont déjà prêtes pour contrôler et museler les informations qui leur échappent encore (article paru dans Le Monde en cliquant sur Lire la suite). Internet bientôt au régime chinois ? Big Brother resserre son étau. J'ai souvent répété que la liberté était un fantôme, mais sa privation est une réalité. Sarkozy marche sur les pas de Bush et Berlusconi. Catastrophes économiques et sociales en perspective. La transposition ne fait pas sourire. Rien n'est joué, mais il faudrait un miracle pour que les sociaux-démocrates lui fassent échec. Commençons par là dimanche prochain. Un petit bulletin contre un petit hargneux. Après on verra. Il y aura les législatives. Et la rue.

J'allais oublier de rappeler que je suis l'invité de David Jisse et Yvan Amar dans l'émission Un poco agitato diffusée aujourd'hui de 15h à 15h30 sur France Culture.

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